Les bonnes nouvelles
L’impact médiatique en faveur des circuits courts (CC) est fort. Ils vont sauver le monde, si on écoute les médias parisiens. Beaucoup plus pragmatiquement, la presse quotidienne régionale a relayé toutes les initiatives de marchés, drive ou magasins de producteurs en communiquant leurs horaires d’ouverture et toutes les informations pour faciliter les achats des consommateurs en produits locaux. Les exploitations ont bénéficié de cet engouement. Cela donne même un bon signal à tous les futurs porteurs de projets.
L’autre bonne nouvelle provient des fortes initiatives de mutualisation et de coordinations prises par les acteurs en circuits courts.
• Mutualisations horizontales : énormément d’initiatives (coopération sur les livraisons, parfois avec d’autres acteurs que des producteurs CC, l’organisation des drives…)
• Mutualisations verticales : explosion du nombre de plateformes. Il devrait en rester quelque chose même si beaucoup sont encore inefficaces : problème de référencement et d’outils de communication (sites internet mal référencés…).
La demande des consommateurs est forte… mais :
Les consommateurs n’avaient/n’ont pas l’esprit à faire la fête, les repas familiaux ont été, et sont encore annulés, autant de moments privilégiés pour consommer local. Les produits « plaisirs » et « coups de coeur » sont ignorés. Or cela représente beaucoup en circuits courts. Autant de débouchés perdus à reconquérir. Les circuits de ventes restent compliqués si on est loin des centres urbains. On a consommé utile : fruits et légumes, viandes, conserves… en faisant ses courses en une fois.
Or la production est vite perdue pour des produits frais qui ne trouvent pas preneurs faute d’accès direct aux consommateurs (fraises, asperges, fromages si vente à la ferme dominante).
Des pertes sèches ont été subies dans le secteur avant que de nouvelles solutions de mise en marché ont pu être élaborées.
Les perspectives
Le besoin de professionnaliser la relation commerciale est indispensable. Il faut gagner en efficacité, de la logistique aux systèmes de paiements dématérialisés.
La période récente a mis en évidence la nécessité d’élargir l’offre vers des produits élaborés et cuisinés notamment en fruits et légumes, voire en viande bovine (conserves, plats congelés…).
Le confinement pose la question du positionnement des magasins de producteurs très présents en région rurale et quasi absents au cœur des grandes villes, notamment Paris intra-muros. Il faut imaginer des espaces de ventes mieux positionnés par rapport aux zones de chalandise.
Jacques Mathé-Veille économique agricole CERFRANCE