Retrouvez ci-dessous l’analyse économique de nos experts et les perspectives de la filière bovins allaitants pour les années à venir.
Des prix de marché toujours en hausse, mais des coûts de production quiimpactent le résultat
Le prix payé aux éleveurs a continué de progresser. Le facteur premier de cette hausse reste le manque de production, phénomène engagé depuis quelques années. Après une année 2022 délicate sur les aspects fourragers, 2023 a été favorable. Le point marquant reste la hausse des coûts de production, avec une forte évolution des charges opérationnelles qui pénalisent les niveaux de marge brute. La fin d’année 2023 laisse entrevoir des mois délicats à venir. Les conditions climatiques qui pénalisent la mise en place des cultures, conjuguées aux aspects sanitaires risquent de peser sur le niveau de performances.
Retrouvez ci-dessous l’analyse économique de nos experts et les perspectives de la filière bovins allaitants pour les années à venir.
L’analyse économique 2022 de la filière bovins allaitants
En 2022, l’EBE par UTH est de 65 000 €, bien au-dessus des années précédentes. Le revenu disponible pour l’exploitant double au regard des années antérieures, il représente 55 % de l’EBE. Malgré les bons résultats, leurs niveaux restent en dessous des moyennes de la « ferme Vendéenne ». . L’ensemble des résultats de la filière se trouvent ci-dessous :
Retrouvez l’analyse économique de la filière viande bovine en Vendée, réalisée par nos conseillers experts concernant l’année 2022.
Quels sont les résultats économiques de la filière viande bovine en 2022 ?
La consommation française stagne malgré l’inflation portée par le haché.
C’est la première année où le manque d’animaux se fait sentir sur le marché avec une hausse des prix des animaux gras et maigres.
Les charges sont en hausse avec des systèmes percutés par la sécheresse qui implique une adaptation perpétuelle du système fourrager aux aléas climatiques.
Découvrez l’ensemble des résultats de la filière en vidéo :
Nos conseillers spécialisés Cerfrance Vendée ont réalisé une analyse des résultats technico-économiques 2020 des différentes filières agricoles vendéenne, dont la filière bovins allaitants.
Résultats économiques bovins allaitants
La crise sanitaire, avec les mesures restrictives qui ont découlé ont fortement impacté les débouchés et les flux de viande.
La baisse de la consommation en restauration hors domicile a impacté les viandes importées et donc la filière bovins allaitants.
La consommation de viande bovine française a progressé de 1 %, avec un développement important de la part de viande hachée (+30 %/2019).
La conséquence a été une revalorisation du prix des vaches à partir de mai 2020, néanmoins à un niveau inférieur au coût de production.
Tous les résultats de la filière se trouvent ci-dessous :
Avec la fusion du PCAE et de la partie bien-être animal et biosécurité du plan de relance, de nouveaux critères et de nouveaux investissements ont été intégrés au cahier des charges de la filière élevage ruminant.
Quel est le seuils d’éligibilité au PCAE élevage ruminant ?
Le cheptel minimum est de 50 brebis (ovins) et de 45 chèvres (caprins).
Investissements Bien-être animal et biosécurité dans le cadre du PCAE élevage ruminant
Les projets qui seront éligibles à la partie du plan de relance sont les projets extérieurs (hors bâtiment). Quelques exemples :
Terrassement, dalles stabilisantes, etc.
Aires d’exercice, aire de transfert, etc.
Parc de contention, parc de tri avec aire stabilisée
Aménagement de chemin de pâturage, de clôture fixe ou mobile, etc.
Aménagement de plateforme d’équarrissage, bac d’équarrissage
Plus spécifiquement pour les veaux de boucherie, les investissements éligibles concernent la rénovation/ la construction du logement en dehors de l’alimentation et de l’abreuvement :
Les experts agricoles Cerfrance ont analysé pour vous l’impact du Covid-19 sur les tendances économiques nationales des différentes filières agricoles.
Le marché du broutard vers l’Italie s’est étonnamment maintenu. Il faut dire que la période est plutôt calme en termes d’export.
Les producteurs peuvent arbitrer sur les dates de sortie de leurs animaux mais les possibilités sont limitées à quelques semaines et restent conditionnées à la disponibilité des fourrages dans les élevages qui est très tendue en cette fin de printemps.
Il faudra surveiller si le courant d’affaires à l’export se maintiendra en juillet quand les broutards sortiront en quantité.
La fermeture de la RHD (écoles, cantines d’entreprises, brasseries…) impacte en premier lieu les viandes d’importations, notamment les vaches laitières d’origine nord-européenne. La viande bovine d’origine française est ainsi moins affectée et demeure pour l’heure en première ligne dans les autres canaux de distribution.
Parmi les autres bonnes nouvelles, la dynamique de consommation de viande de boeuf est restée soutenue depuis le début de la crise (en préemballé). Serait-ce le signe qu’elle reste encore perçue comme un aliment de base et de première nécessité ?
Les démarches de la distribution pour une relation contractuelle avec les producteurs français ont permis de garantir les débouchés. La logique de fidélisation qui sous-tend ces contrats se poursuit malgré la crise.
Cependant…
Il reste le problème des morceaux nobles et des races de haute qualité bouchère qui étaient utilisés dans les restaurants et qui ont du mal à trouver preneur. La production à destination de la restauration hors domicile s’est reportée vers la consommation des ménages :
• la demande des consommateurs s’est renforcée sur la viande hachée pendant les quatre premières semaines de confinement, avec une croissance de 34% en haché frais et +66% en haché surgelé,
• la GMS a fortement diminué son rayon boucherie découpe. L’engouement vers le drive a difficilement permis de maintenir une offre de découpe en frais. Seuls les morceaux piécés sous vide ont progressé. Donc, la filière ne connaît pas de grosse question de volume à ce jour, mais la perspective de réouverture posera la question de la valeur. Pour les JB français, la situation reste sous tension, avec le ralentissement des marchés export et la fermeture de la RHD qui entraînent un report des ventes et du stockage sur pied dans les fermes.
Les perspectives pour le second semestre 2020
Dans la filière bovine, les initiatives de coordination et de mutualisation entre les différentes strates de la filière sont difficiles : chacun, à son propre niveau, essaie de « se débrouiller ». Les crises passent et la filière est toujours aussi peu structurante. Peu d’objectifs partagés. Seule l’activité broutard est quelque peu structurée dans la mesure où elle concerne un produit assez homogène. Pour les activités d’engraissement et les races allaitantes de qualité bouchère, aucune offre homogène ne se dégage. Chacun à sa place essaie de saisir les opportunités (quand le marché est porteur) ou tente de limiter les dégâts lors des périodes de crises (cours des animaux, climat…). Dans ces conditions, quels sont les leviers d’action ?
La réduction de l’offre pour soutenir les prix ?
Les mesures de stockage privé mises en place par l’UE devraient permettre de limiter l’offre bovine dans les prochains mois et stopper la chute des cotations à court terme. Mais le déstockage, à venir, laisse présager une concurrence exacerbée entre les États. Afin de sécuriser ses volumes à l’export, un opérateur irlandais vient de signer un accord avec Lidl pour approvisionner les magasins de la chaîne dans plus de 17 pays européens.
La recherche de valeur ?
Aller plus vite et plus loin sur la contractualisation qui reste un outil vertueux de sécurisation des opérateurs (approvisionnement, prix…) et un outil structurant pour mieux répondre à la demande consommateurs. La recherche de valeur autour de la viande hachée et des produits élaborés doit être un levier à activer par la hausse des prix et une plus grande segmentation du produit.
L’offre étant hétérogène, que ce soit en matière première (animaux sur pied) ou sur la valorisation des différents muscles, il faudrait s’orienter vers des produits finis différenciés. Cela pose la question de la modernisation des outils de transformation (outils abattage et découpe) et de l’organisation des circuits de distribution, pour un engagement collectif vers une différenciation des muscles.
Nathalie VELAY Jacques MATHÉ – Veille économique agricole CERFRANCE
La tendance à la libéralisation des marchés a marqué les dernières décennies. L’Union Européenne poursuit cette tendance avec les accords du CETA et du Mercosur, où toutefois l’enjeu se focalise clairement autour des normes sur les modes de production. Prélude à une nouvelle conception en matière d’échange ? Nous voyons de grands pays agricoles, qui ont tout à gagner à la liberté des échanges, conduire des politiques qui évoluent vers moins de libéralisme : le cas des USA à ce titre est majeur et le blocage des instances de l’OMC ne va faire qu’accentuer le phénomène. Les grands pays d’Asie, quant à eux, prennent conscience que les produits agricoles doivent avoir un traitement à part dans la mondialisation. Les pays importateurs du Maghreb freinent leur ouverture aux pays de la Mer Noire car ils craignent d’être dépendants de zones dont ils connaissent mal les enjeux. On entend à nouveau parler de contrats étatiques qui engageraient des qualités et des volumes pour limiter les fluctuations de prix au consommateur.
Depuis plusieurs années, la performance économique moyenne est d’un niveau modeste. Ainsi, le remboursement des emprunts moyen terme et des frais financiers court terme représente une part importante de l’excédent brut d’exploitation. Le revenu disponible est inférieur à 18 000 €/an/UTHe.
Un marché déséquilibré, une consommation en baisse, des importations en hausse, pression sociétale sur le bien-être animal, la filière veaux a été fortement chahutée en 2019 avec des conséquences plus ou moins directes sur les éleveurs.
La période récente ou la filière affichait une certaine stabilité et était en recherche d’éleveurs semble pour le moment derrière nous.
La filière veaux peut
malgré tout attirer encore des nouveaux investisseurs avec un renouvellement
important à prévoir au regard de la pyramide des âges et un travail important
sur la réduction des astreintes de travail et la sécurisation des
investissements via des contrats.
Plusieurs facteurs pour une conjoncture assez difficile :
La filière française doit faire
face à une baisse de la consommation de
veaux avec une viande qui a du mal à trouver sa place dans un contexte
exposé au bien-être animal et avec une population de consommateurs vieillissante
qui se renouvelle peu. La nouvelle réglementation sur les promotions dans le
cadre de la loi EGALIM a aussi eu un impact sur les volumes avec moins de promotions
possibles.
Face à cette consommation en
baisse, l’érosion de la production a
atteint 16 % en 8 ans avec des arrêts de producteurs non entièrement
remplacés. Mais depuis mi-2018, la baisse de consommation s’est aussi
accompagnée d’une hausse des
importations de 4 à 5 000 têtes par mois qui sont venues encombrées un
marché déjà difficile. Les départs retardés en ferme ont entrainé une hausse
des poids d’abattage de l’ordre de 3 kg / veaux malgré le ralentissement des
plans d’alimentation
Dans ce contexte, les cours ont chuté en 2019 de 0.60 € / kg
soit – 11 % par rapport à 2018 et – 12 % par rapport à la moyenne sur 5
ans. Les cours amorcent une légère
hausse depuis la semaine 35 mais l’assainissement total du marché n’est pas
espéré avant 2020 avec une légère reprise de la consommation et une baisse des
mises en place de 2 %.
Des
marges brutes stables depuis 2-3 ans
Il existe deux systèmes différents pour l’élevage de veaux
de boucherie en Vendée :
Un
système dit libre ou l’éleveur achète ses veaux et son aliment
Un
système à la commission ou l’éleveur n’est pas propriétaire des veaux et
l’opérateur paye l’aliment.
Il existe 2 types de contrat à la commission : à
l’animal produit ou à la place. Dans ce deuxième cas, les éleveurs sont rémunérés
par un fixe par place et par jour même pendant la période de vide. Ce dernier
type de contrat permet d’être moins impacté par un allongement des vides.
Certains contrats prévoient que les éleveurs touchent un bonus en fonction des résultats techniques moyens
de plusieurs lots.
Les marges veaux ont progressé il y quelques années afin de
compenser la baisse des aides PAC. Elles sont relativement stables depuis 2-3
ans avec une fourchette de Marge Brute
de l’ordre de de 100 € à 130 € / veau soit environ de 170 à 220 € / place pour
une base de 1.70 veaux / place en moyenne. La crise de 2019 a eu pour effet
un allongement important des vides pour certains opérateurs
Quels enjeux pour la filière demain ?
Veaux de boucherie: Enjeux sociétal fort
La pression est forte des associations pour le bien-être animal. Par exemple, L214 a
fait un espace dédié sur son site internet octobre 2019. Malgré les efforts
important de la filière depuis quelques années (cages collectives, alimentation
à base de fibres), l’élevage de veaux est toujours critiqué et doit communiquer fortement pour faire connaitre l’évolution de ses
pratiques.
Quelle stratégie des Pays-Bas ?
Une part important des opérateurs français sont directement ou
indirectement dépendant de firmes
importantes des Pays-Bas. L’augmentation des importations de veaux
Hollandais a donc été très mal perçue par la filière française qui accuse ces
firmes de faire le jeu des éleveurs Hollandais. Le marché Hollandais est sur
des veaux plus lourds avec peu de consommation intérieure et beaucoup de
production pour l’export.
Des veaux laitiers de qualité
Un des enjeux de la filière veaux
est la disponibilité en veaux laitiers ou croisé de qualité. La faible rémunération
des éleveurs laitiers n’incite pas pour le moment à des efforts dans ce sens et
des démarches ont été faites en direction des producteurs de lait avec un
faible impact pour le moment.
Quelles perspectives pour les éleveurs en 2019 ?
Certains éleveurs ont investis récemment en Vendée avec des
outils performants qui permettent d’avoir des résultats techniques correct et
avec une pénibilité du travail fortement réduite (chariots pour distribuer le
lait, alimentation automatique pour la fibre, pilotage des bâtiments). Avec ces
investissements couteux (de 1 250 à
1 350 € / place soit environ 500 000 € pour 400 places), les éleveurs
doivent avoir une certaine garantie de marge / place pour dégager un revenu
correct.
Après une période difficile début 2019, le retour à l’équilibre est attendu avec des efforts importants pour relancer la consommation sur l’évolution des modes de consommation (hachée, grillades) mais il faut sans doute être vigilant sur le développement futur à moyen terme.